Le 17 mai 2014, à l’âge de 88 ans, le brillant caricaturiste letton Vitālijs Sarkans, connu parmi ses amis sous le nom de Vicis, s’est éteint. Né le 23 décembre 1925, il a grandi à Krustpils, mais a passé la majeure partie de sa vie à Londres.

Peu de Lettons ont acquis une plus grande renommée à l’étranger que dans leur pays d’origine, mais le caricaturiste Vitālijs en faisait partie. Sous le pseudonyme Sax, il a été publié dans les journaux et magazines les plus lus d’Angleterre, tels que Daily Mirror, Titbits et Weekend, ainsi que dans d’autres publications internationales (par exemple, La Settimana Enigmistica en Italie). Il était reconnu comme l’un des meilleurs artistes de son genre. Son genre, appelé en anglais gag cartoon, consiste généralement en un seul dessin accompagné d’un texte court destiné à provoquer le rire (le mot gag vient du théâtre ancien et signifie une idée comique).

Rod McKie, un collègue caricaturiste qui dessine pour les colonnes du Wall Street Journal, l’a qualifié dans un journal de « grand SAX » (the great SAX). Rod McKie écrivait : « Hé, j’adorais le travail de Vitālijs. Il n’y avait pas d’autre caricaturiste de gag en Grande-Bretagne qui ne lui devait quelque chose. Certains d’entre nous imitaient son style de dessin, beaucoup son sens de l’humour, et certains les deux. Mais il ne nous a jamais méprisés pour cela.

J’ai étudié ses caricatures, et je crois avoir vu 100 caricatures en une seule semaine, disséminées dans Weekend, Titbits, Woman’s World, She Magazine, The Sun, The Mirror, The Star, Daily Express et Weekly News — et elles étaient toutes drôles ! En étudiant comment il remplissait un rectangle de 12x7,5 cm avec tant de personnages différents, j’ai suivi un véritable cours magistral de caricature. SAX ne remplissait pas ses caricatures de simples dessins ; il créait des personnages — chacun jouait son rôle et correspondait parfaitement aux mots que SAX leur attribuait. Le monde des gag cartoons a changé au point d’être méconnaissable, et de nombreuses publications qui présentaient autrefois ses travaux ont soit disparu, soit cessé de publier des caricatures. Chaque rédacteur voulait les dessins de SAX. Il ne reste que quelques géants dans le monde des gag cartoons : je ne peux en citer que deux, et l’un d’eux était SAX.

Il était vraiment unique. » En 2005, Vitālijs Sarkans a reçu une distinction spéciale du Cartoonists’ Club of Great Britain pour l’ensemble de ses réalisations. Dans les mots de Vitālijs Sarkans : « Mon premier acte conscient a été de saisir un crayon. En grandissant, j’avais l’ambition de devenir artiste, peintre. La Seconde Guerre mondiale a bouleversé mes projets. En 1945, avec des milliers de personnes de ma génération ayant survécu à la guerre, je me suis retrouvé en exil. Deux ans plus tard, je suis arrivé en Angleterre. Les premières années, j’ai occupé divers emplois, principalement physiques, d’abord à Liverpool, puis à Manchester.

Pendant mon temps libre, j’ai commencé à étudier l’art. J’ai suivi des cours du soir au collège et des cours par correspondance dans une école d’art de presse. Je suis devenu caricaturiste en 1957, lorsque certains de mes travaux ont été publiés dans l’un des plus grands journaux britanniques. Cela a été suivi par des commandes pour d’autres journaux et magazines anglais. »

En 1959, il s’installa à Londres et rejoignit Associated Newspapers. Là, il rencontra Kazi Makunas, le gestionnaire de la Maison lituanienne à Notting Hill, Londres, et y emménagea. Les dix années suivantes, qu’il décrivit comme « très amusantes », se passèrent à la Maison lituanienne. En 1970, Sax épousa Māra Švinka, une jeune artiste lettone d’Australie. Leur fille Aiva naquit en 1976, et la famille compte désormais deux petits-enfants : Leo et Mia. Vitālijs était une personne merveilleuse, talentueuse, pleine d’humour et d’amour. Pendant ses années d’exil, il était bien connu des Lettons en Angleterre et dans d’autres pays occidentaux. Il était toujours heureux d’utiliser son talent pour des événements lettons et autres besoins. Par exemple, son magnifique dessin, qui réunit les drapeaux de toutes les nations baltes, est utilisé dans les supports d’information pour le service commémoratif annuel des déportés baltes.

Ses dessins pour les événements organisés par l’Association européenne de la jeunesse lettone, les Congrès mondiaux de la jeunesse lettone, les rassemblements à Münster, l’École d’été européenne, les Festivals de chants de Londres, et bien d’autres, restent inoubliables. Ses travaux ont été publiés dans Rūgtais Apinis, Londonas Avīze, ELJAs Informācija, et d’autres publications des Lettons de l’Ouest. Pour les Lettons, le dessin le plus mémorable est peut-être son œuvre à grande échelle représentant une célébration typique de la Saint-Jean, créée il y a des décennies, mais qui orne toujours le mur du club DVF à Londres.

Lors de la cérémonie d’adieu, l’arrière de la feuille de chants présentait cette caricature : deux hommes se tiennent sur un nuage au paradis, avec des ailes sur les épaules et des auréoles au-dessus de la tête. L’un dit à l’autre : « Je suis surpris d’être ici — ma femme n’arrêtait pas de m’envoyer dans la direction opposée. »